L’opposition dénonce « un scandale d’Etat », le camp Macron y voit « un dossier vide »


Des révélations jugées « accablantes », qui présentent le futur président de la République comme un « lobbyiste au service d’intérêts privés ». Et non au service de l’intérêt général. Les oppositions politiques multiplient les critiques contre Emmanuel Macron depuis la publication, dimanche 10 juillet, des « Uber Files ». Une enquête reposant sur des milliers de documents internes à Uber adressés par une source anonyme au quotidien britannique The Guardian, et transmis au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et à quarante-deux médias partenaires dont Le Monde.

Dans ce cadre, le journal s’est intéressé aux liens entre la société américaine et Emmanuel Macron à l’époque où il était ministre de l’économie (2014-2016). L’analyse de ces documents internes montre qu’à l’époque le locataire de Bercy a œuvré activement en coulisses pour la société de VTC, qui tentait d’imposer une dérégulation du marché et affrontait l’hostilité du gouvernement. Un « deal » secret entre Uber et Emmanuel Macron, qui suscite un tollé aujourd’hui. En particulier à gauche, où les réactions sont les plus nombreuses. Dès dimanche soir, le député du Val-d’Oise Aurélien Taché, élu sous l’étiquette Nouvelle Union populaire écologique et sociale, a dénoncé « un scandale d’Etat ». De La France insoumise (LFI) aux communistes, en passant par les écologistes, tous ont dénoncé un mélange des genres, en reprochant à celui qui voulait faire de la France une « start-up nation » de s’être mué en « lobbyiste », afin de « faciliter le développement » d’Uber, dont l’objectif serait in fine de « déréguler durablement le droit du travail ». C’est « un pillage du pays », a estimé la patronne des députés LFI, Mathilde Panot. « Un pacte (…) pour broyer notre modèle social », a renchéri l’élu communiste de Paris Ian Brossat.

Commission d’enquête ou mission d’information ?

De la gauche au Rassemblement national (RN), en passant par la CGT, tous somment M. Macron de s’expliquer. Au Sénat, le groupe écologiste a annoncé, lundi après-midi, qu’il « demande sa propre commission d’enquête » parlementaire, afin de « mettre au jour l’ampleur du phénomène et renforcer la transparence de nos institutions ». Dans la matinée, le député LFI Alexis Corbière avait dit envisager la création d’une telle commission, comme cela avait notamment été le cas, à l’été 2018, lors de l’affaire Benalla.

Au RN, on souhaite éviter le réflexe « pavlovien » de la commission d’enquête, a précisé, lundi matin, le numéro deux du groupe à l’Assemblée nationale, Jean-Philippe Tanguy, pour se contenter d’une mission d’information, jugée « plus efficace ». La cheffe de file des députés d’extrême droite, Marine Le Pen, a en réalité épuisé ses cartouches en sollicitant notamment une commission d’enquête sur « les causes réelles de l’inflation ». Le RN veut malgré tout se faire entendre en dénonçant « le premier scandale du quinquennat ». Dans un registre anti-élites maîtrisé, M. Tanguy cible un chef de l’Etat en « lobbyiste américain » réduit à son « agenda de banquier de Rothschild ». Lequel incarnerait ainsi « les liens incestueux entre l’affairisme, le capitalisme de connivence et la haute administration ». La charge est lourde. Mais le député RN de la Somme va encore plus loin en évoquant un « pacte de corruption », selon la formule d’Olivier Marleix à propos de la vente de la branche énergie d’Alstom en 2014, qui reste cependant à prouver.

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